L’incoerenza creativa: un problema moderno?

Cette étude sera divisée en deux parties. Dans la première, on cherchera à démontrer comment l’incohérence créative – qu’on peut relever dans toutes les époques notamment mais pas seulement dans la narration – est un problème « moderne » : dans le sens où seulement quand on en acquiert, pour ainsi dire, la conscience, quand tout cela passe de l’erreur, plus ou moins causale, à l’artifice constructif, alors il devient un problème théorique. Par contre, dans la seconde, sur les bases de la première partie, c’est-à-dire ayant acquis la conscience qu’il s’agit donc d’un « problème », on montrera comment cette incohérence a sa propre structure « logique », à savoir un discours sur la « vérité » : une vérité qui n’est pas celle qui est représentée dans la narration, mais qui lui est « derrière ». En effet, le mot « cohérence » dérive de la logique. En logique, on dit cohérente (ou non contradictoire, parfois même consistante, par assonance avec l’anglais consistent) une théorie, si, en elle, il est impossible de démontrer une contradiction. On parle aussi de deux formes de cohérence, ou consistance : une syntaxique, qui se vérifie si, dans la théorie, on ne peut pas démontrer à la fois une formule bien fondée et sa négation. Au contraire, nous avons une consistance sémantique si la théorie admet au moins un modèle. Enfin, sans s’engager dans les méandres de la logique mathématique, on veut affirmer que peut-être, dans les arts, même l’incohérence admet un modèle. Par conséquent, on est au niveau d’une logique « autre », qui a des dimensions cognitives qu’on ne peut pas réduire à celles d’une logique purement démonstrative