Une précarité glamour : le travail créatif dans la mode

La mode occupe une place centrale dans les économies contemporaines. Les sociétés financières et marques de luxe affichent d’énormes chiffres d’affaires, alors que les produits et les images de la mode circulent à l’échelle mondiale en mobilisant désirs et consommations. Or les productions et les circulations de ces biens et de ces imaginaires de luxe et de beauté sont assurées par une multitude de travailleurs créatifs, autant socialement et symboliquement valorisés que précaires. Basé sur une ethnographie menée auprès des travailleurs créatifs de l’industrie de la mode, cet article vise à explorer le travail précaire produisant ces imaginaires désirables. En analysant le croisement des circulations de travailleurs créatifs, des imaginaires et des produits de la mode, nous y observons la production d’une forme particulière de précarité, combinant luxe, prestige social et précarité.Since the 1980s, fashion has become increasingly powerful in the material and immaterial economies of the world we live in. Holdings and luxury brands are more and more reach as fashion products and images circulate around the world by mobilizing desires and consumption. Yet, the productions and the circulations of these goods and imagines of luxury and beauty are assured by a multitude of creative workers, simultaneously socially and symbolically valorized and precarious. Based on ethnography of the creative workers of the fashion industry, this article aims to explore the precarious work producing these desirable imaginaries. By analyzing the crossing of circulations of creative workers, imaginaries and fashion products, we observe the production of a particular form of precarity, combining luxury, social prestige and precarity