Les discours invoquant la raison d’Etat dans les tragédies de Corneille sont empruntés à des horizons idéologiques divers et souvent contradictoires. La répartition de ces discours dans les propos des personnages ne saurait se réduire à une question de convenance des caractères. La définition des caractères, en effet, s’accommode mal des lignes de partage dessinées, dans la pensée politique du premier dix-septième siècle, par les différents discours du machiavélisme. On se propose de montrer que, sur la question de la raison d’État, le principe de cohérence, dans la répartition du fonds machiavélien, est à chercher dans la situation rhétorique. Celui qui tient un discours délibératif emploie, plus qu’un autre, des arguments issus des discou...