Ontologie de l’agir et matérialisme pratique : un dialogue Marx / Freitag

Alors que se développe un nouveau matérialisme dans la théorie sociale contemporaine qui prétend dépasser les apories d’un dualisme cartésien dans lequel seraient prises les sciences sociales modernes par une ontologie relationnelle et processuelle d’actants posthumains, nous nous tournons vers l’ontologie de l’agir qu’élabore Marx dans ces écrits philosophiques pour souligner qu’un tel dépassement a déjà été effectué, mais sur des bases radicalement différentes. L’étude de l’ontologie de l’agir, inspiré des travaux interprétatifs de Fischbach, débouche sur un ensemble de thèses concernant 1. la nature de l’être de l’agir, 2. sur son essence sociale, 3. la nature de l’objectivité de la pratique, 4. le clivage de cet être dans la société capitaliste comme fondement de l’aliénation, 5. la conflictualité qui résulte de ce clivage et son historicité. Ensuite nous proposons un élargissement de l’ontologie de l’agir à travers une mise en dialogue entre la théorie du symbolique et de la pratique sociale de Michel Freitag et le matérialisme pratique de Marx sur chacun de ses enjeux ontologiques. Il en résulte les linéaments d’une critique matérialiste du nouveau matérialisme posthumaniste à partir de cette compréhension élargie de l’ontologie de l’agir.A new materialism is emerging in contemporary social theory, founded on a relational and processual ontology of posthuman actants, it claims to supersede the aporias of cartesian dualism in which is mired modern social science. We argue that the cartesian aporia has already been superseded in Marx’s philosophical works were he develops a practical materialism based on an ontology of the act. The study of Marx’s ontology of the act, rooted in Fischbach’s interpretative work, takes the form of an ensemble of thesis on 1. the nature of the being of the act, 2. on his social essence, 3. on the nature of the objectivity of practice, 4. on the rift of the being in capitalist society as a foundation of alienation, 5. on the conflictuality which arises from this rift and its historicity. Thereafter we propose broadening the ontology of the act by the means of a dialogue between Michel Freitag’s theory of the symbolic and of social practice and Marx’s practical materialism on each of the above ontological issues. The result of such an effort is the basis for a materialist critique of the new posthumanist materialism based on a broader understanding of the ontology of the act