Du « souvenir dormant de toutes choses » à la « mémoire involontaire » : remarques sur Schelling et Proust

La contribution poursuit un double intérêt systématique : d’une part, il convient de mettre en évidence un lien entre les concepts de mémoire qui se trouvent respectivement dans Les Âges du monde de Schelling et dans la Recherche du temps perdu de Proust. D’autre part, il s’agit de faire apparaître des caractéristiques essentielles de la mémoire humaine. Il sera question premièrement de l’apparition du souvenir chez les deux auteurs, deuxièmement du déclenchement de la mémoire et de son contexte, troisièmement du contenu de la mémoire comme une sorte de vision d’idées ou d’essences, quatrièmement de la condition de cette mémoire, à savoir l’idée d’une profondeur du temps, et enfin cinquièmement, des sujets même, dans leur différence, de ce processus de souvenir chez les deux auteurs.The paper pursues a double systematic interest: on the one hand, it highlights a link between the concepts of memory which can be observed respectively in Schelling’s Ages of the World and In Search of Lost Time by Proust. On the other hand, it aims to outline essential characteristics of human memory. In doing so, the paper is concerned, firstly, with the appearance of memory in both authors; secondly, with the triggers of memory and their context ; thirdly, with the content of memory as a kind of vision of ideas or of essences ; fourthly, with the condition of this memory, i.e. the idea of a depth of time ; and finally with the different remembering subjects in both authors