Poiesis et historia : les romans (sophistiques) grecs comme trans‑fictions

Selon le couple aristotélicien ποίησις/ἱστορία (Poétique 9) et la théorie littéraire moderne sur la trans-généricité et les approches pragmatique et logique de la fiction, on peut voir le roman comme un genre de poiêsis, marqué par une tension spécifique entre narration et description ainsi que fiction et diction ou encore le rôle de l’ekphrasis comme description d’actions. Les débuts et fins des romans grecs peuvent être étudiés ainsi : le (contre-)modèle topique des Éphésiaques et les ambiguïtés d’une fiction historique dramatisée chez Chariton ; les Pastorales de Longus et le roman cinématique d’Héliodore, ἐκφράσεις d’ἐκφράσεις et serious games ; les polyphonies et clôtures paradoxales d’Achille Tatius et des Histoires vraies de Lucien, comme roman ironique et ἱστορία poétique.The Aristotelian couple ποίησις/ἱστορία (Poetics 9) and modern litterary theory about transgenericity and the logical and pragmatic approaches to fiction may help to see novel as a genre of poiesis, with a specific tension of narration and description as well as of fiction and diction and the role of ekphrasis as a description of actions. The beginnings and ends of Greek novels exemplify this: the topic (counter-)model of Ephesiaca and the ambiguities of dramatized and historicised fiction in Chariton; Longus’ Pastorals and Heliodor’s cinematic novel as ἐκφράσεις of ἐκφράσεις and serious games; paradoxical polyphonies and closures in Achilles Tatius and in Lucian’s True Stories, typical of an ironical novel and poetical ἱστορία