Écrits, genre et autorités

Depuis la révolution tunisienne, le pays a attiré nombre de chercheurs, de journalistes et d’experts. Les articles et les discours médiatiques ont foisonné sur les mobilisations sociales et politiques, les résultats des élections d’octobre 2011, les démêlés avec la justice de militants et d’artistes. Cependant, si la révolution puis la victoire électorale des islamistes ont placé la Tunisie au centre des actualités internationales, les relations entre les artistes et les institutions autoritaires, les conditions socio-économiques de création et les rapports de sexe dans les mondes de l’art demeurent inconnus. Fondé sur une longue enquête de terrain, cet ouvrage comble ces manques en menant une analyse détaillée de l’univers littéraire tunisien et des rapports sociaux de sexe qui le traversent jusqu’à la révolution. Il ôte à la Tunisie, souvent présentée comme à part, son statut d’exception. Il rend enfin intelligibles, au-delà du cas de ce pays, les manières dont se reproduisent les rapports de sexe et les modes de domination en contexte autoritaire.Since the revolution, Tunisia has attracted the attention of many researchers, journalists and experts. This has led to a proliferation of articles and media discourse related to social and political mobilisation, the results of the October 2011 elections and conflicts between artists and activists on the one side and the judiciary on the other. However, although Tunisia has been a recurrent international news story since the revolution and the electoral victory for the Islamists, no academic research has been devoted to the relationship between artists and authoritarian institutions. The socio-economic conditions for the creation of artworks and the ways in which the art world is structured by gender have not been documented. This book is based on a lengthy sociological study and fills a gap in academic research: it provides a detailed analysis of the Tunisian literary landscape and highlights how it is structured by gender. It deconstructs the common representation of Tunisia as an “exception”. Looking beyond the country’s borders, it explains how gender and domination are created and recreated in an authoritarian context