Les oppida, une parenthèse dans l’histoire de l’Europe tempérée ?

En affirmant que « les forteresses gauloises n’étaient point de simples lieux de refuge […] mais de véritables villes occupées par une population fixe […] L’oppidum était aussi l’emporium, le marché de la cité […] », Joseph Déchelette a durablement conceptualisé la notion d’oppidum. Un siècle plus tard, cette définition est encore, peu ou prou, celle qui a la faveur de la communauté des protohistoriens. Pourtant, l’augmentation exponentielle des données, qu’elle concerne les oppida ou plus largement l’ensemble de la documentation archéologique relative à la période des iie et ier siècle av. J.-C., invite à une reconsidération en profondeur de l’analyse de Déchelette. C’est cette reconsidération que nous évoquons, en nous appuyant plus particulièrement sur les travaux de Vladimir Salač, qui, dans une série d’articles récents, constate que les données archéologiques permettent de proposer une interprétation de l’apparition des oppida opposée à celle de Déchelette, à savoir comme le symptôme d’une « désurbanisation ».By asserting that “the Gaulish fortresses were not mere places of refuge […] but real cities occupied by a fixed population […] The oppidum was also the emporium, the market of the city […]”, Joseph Déchelette has durably conceptualized the notion of oppidum. A century later, this definition is, more or less, the one that has the favour of the whole community of Iron Age archaeologists. However, the exponential increase of data, concerning the oppida or more generally the entirety of the archaeological documentation relative to the period of the 2nd and 1st century BC, invites to an in-depth reconsideration of the analysis of Déchelette. That is what we evoked in our this paper, relying in particular on the work of Vladimir Salač, who in a series of recent papers considers that the archaeological data make possible to propose an interpretation of the advent of oppida opposed to Déchelette’s, namely, as the symptom of a “desurbanization”