L'archéologie, les représentations collectives et la construction identitaire - face aux contraintes matérielles

International audiencePour ce qui touche à la définition des identités collectives, l'archéologie ne jouit assurément pas d'une image très favorable au sein des sciences humaines. Parmi les historiens et les ethnologues, notamment, il est en effet une opinion assez répandue, selon laquelle notre discipline offrirait en la matière une liberté d'interprétation presque absolue. Loin d'autoriser une objectivation des réalités identitaires passées, l'archéologie ne constituerait qu'un instrument au service des constructions identitaires modernes. Exploitant le passé au service du présent, elle permettrait en quelque sorte de s'inventer des ancêtres « sur mesure ». De toute évidence, cette opinion condescendante trahit une incompréhension certaine quant à la spécificité des sources archéologiques, des sources matérielles. Certes, nos sources ne parlent pas d'elles-mêmes, surtout pour les problématiques touchant à la définition des groupes humains auxquels elles se rapportent. Mais si elles réclament interprétation-si, déjà, la reconnaissance des « faits » retenus dépend des schémas explicatifs en vigueur-ces données matérielles n'autorisent pas n'importe quelle interprétation