Pier Paolo Pasolini utilise par deux fois le verbe “fuggire” (fuir) pour caractériser son départ de Casarsa pour Rome, en janvier 1950. Que fuit-il au juste, ce poète de vingt-huit ans qui tourne ainsi le dos à toute une époque de sa vie ? Sans doute le fantôme de son frère cadet, tombé dans un épisode obscur de la lutte partisane, et dont le souvenir ne cessera plus de le hanter. Mais aussi le scandale lié, dans un contexte de forte tension politique, à sa mise en accusation – qui se révélera ultérieurement infondée – pour corruption de mineurs et actes obscènes dans un lieu public. Le coup est rude. Mais dans cette Rome où il lie de nombreuses amitiés, assume pleinement son homosexualité, et découvre le monde cruel des “borgate” (bidonvil...