Gobernar un territorio insular en el cruce de las ambiciones mediterráneas. El Reino de Mallorca bajo los últimos Austrias

Le royaume de Majorque, dépendant de la couronne d’Aragon, se singularise, au même titre que d’autres territoires insulaires par sa défense farouche des chartes et privilèges qui le distinguent. Comme dans les autres royaumes, à l’avènement d’un roi, les Cortès devaient le reconnaître et lui jurer fidélité. Mais Majorque ne possédant pas de Cortès, la tradition voulait que l’île envoyât un représentant ou « síndico » afin que celui-ci jure – au nom du royaume – fidélité au roi en contrepartie du serment royal de respecter les privilèges et chartes du royaume majorquin. Sous Philippe II et ses successeurs, ce procédé ne fut pas toujours respecté et la défense acharnée des privilèges engendra de fréquents conflits entre le gouvernement majorquin et le représentant local du pouvoir royal, le vice-roi, appelé aussi Lieutenant ou Capitaine Général. Sous Philippe IV – en particulier à partir de 1640, du soulèvement catalan et de la guerre avec la France −, le royaume de Majorque devient d’autant plus stratégique que sa situation géographique et sa capacité à fournir soldats et vivres demeurent vitales. Le territoire devient, en outre, une zone refuge pour les Catalans fidèles au roi d’Espagne. Cette nouvelle donne impose de redéfinir la relation avec Madrid, dans les mêmes termes certes, mais en jouant d’autres moyens de pression. Comment gouverner et contrôler à distance un territoire dont la situation géographique était clé pour la monarchie malgré toutes les prérogatives ? Comment démêler le nœud politique dans ces territoires cruciaux pour les dessins espagnols en Méditerranée ? Cette étude – sans prétendre à l’exhaustivité – entend brosser le panorama des singularités majorquines à partir de sources d’archives