Le genre de la chronique, inauguré, chez les chrétiens latinophones, par saint Jérôme (qui, lui-même, traduisit et compléta, vers 380, les Canons chronologiques d'Eusèbe de Césarée), a longtemps été tenu, du moins en France, et malgré son foisonnement remarquable, comme une forme historiographique tout à fait mineure, dont les notations laconiques apportaient peu à notre connaissance des événements et de leur perception par les contemporains. Pourtant, les trois premiers continuateurs de Jérôme : Prosper d'Aquitaine, l'"Anonyme gaulois de 452", et l'évêque galicien Hydace, révèlent, à l'analyse, une conscience aiguë des transformations majeures qui affectent l'Occident romain au Ve siècle, prélude à l'émergence des "royaumes barbares". Le p...