Du début de la Troisième République au lendemain de la Grande Guerre, environ 3 000 enfants sont abandonnés chaque année à Paris et recueillis par l’Assistance publique. Dans la très grande majorité des cas, les parents qui se séparent de leur progéniture sont des femmes seules. Délaissées du père de l’enfant, soucieuses de cacher leur faute à leurs propres parents ou sommées par ceux-ci de réparer le déshonneur que leur maternité hors-mariage inflige à la famille, les filles-mères sont les abandonneuses emblématiques. Leur histoire est celle de la misère féminine et de l’opprobre social qui s’abat sur la maternité solitaire. À la Belle Époque, l’Assistance publique de Paris s’efforce de faciliter les abandons et d’en garantir l’anonymat, a...