Évaluation de la réponse des mélanomes muqueux et uvéaux à l’immunothérapie par anti-CTLA4 et/ou anti-PD1

Introduction : Les mélanomes non cutanés, muqueux et uvéaux, sont rares, de 4 à 6,8% des mélanomes dans les populations caucasiennes selon les études. Peu d’études évaluent l’efficacité des immunothérapies (IT) dans les mélanomes muqueux (MM) et uvéaux (MU). L'objectif de l'étude a été d’évaluer l’efficacité des immunothérapies par anti-CTLA4 et/ou anti-PD1 dans les mélanomes muqueux et uvéaux. Patients et Méthodes : Tous les mélanomes uvéaux (choroïdien, irien, corps ciliaire) et muqueux (ORL, digestif, gynécologique, urologique et conjonctival) métastatiques stades IIIC et IV de la classification AJCC, suivis dans 25 centres du Groupe de Cancérologie Cutanée, ont été inclus rétrospectivement. Une 1ère cohorte de patients traités par IT (anti-CTLA4 et/ou anti-PD1) de 2008 à 2016, a été comparée à une seconde cohorte de patients traités par chimiothérapie conventionnelle (CC) exclusivement de 2000 à 2016. Les taux de réponse ont été évalués selon les critères RECIST v1.1 à 12 semaines. Les taux de survie ont été évalués par la méthode de Kaplan-Meier. Résultats : 439 patients ont été inclus, 251 patients (57%) dans le groupe IT, (151 MM et 100 MU) et 188 patients (43%) dans le groupe CC, (78 MM et 110 MU). 66% patients du groupe IT ont reçu de l’Ipilimumab (83% en 1ere ligne et 17% en 2eme ligne) (54% MM et 46% MU), et 72% ont reçu un anti-PD1 (62% en 1ère ligne et 38% en 2ème ligne) (62% MM et 38% MU). Le taux de réponse en 1ère ligne des MM était de 12% sous IT et 14% sous CC. Le taux de réponse en 1ère ligne de traitement par anti-PD1 était de 14% pour les MM, aucune réponse sous anti-CTLA4. Aucune réponse n’était observée pour les MU sous IT ; le taux de réponse des MU en 1ère ligne de CC était de 3.6%. La médiane de survie globale des MM était respectivement de 16 mois sous IT versus 8,8 mois sous CC (p=0.013) et celle des MU de 13,4 mois versus 11 mois (p=0.38). Discussion : Actuellement, faute d’étude ayant spécifiquement étudié les mélanomes muqueux ou uvéaux, leur prise en charge se fait par extrapolation des données des études ayant inclus des mélanomes cutanés. Cependant, la biologie des mélanomes uvéaux est complètement différente des mélanomes cutanés ou muqueux et les mélanomes uvéaux sont réputés plus graves que les mélanomes muqueux ou cutanés. Les taux de réponse observés dans cette étude sont très proches pour les MM sous IT et CC (12% versus 14%) ; chez les MM, l’efficacité des anti-PD1 est supérieure aux anti-CTLA4. Ces résultats concernant les mélanomes muqueux semblent s’approcher des taux de réponse retrouvés dans la littérature pour les mélanomes cutanés sous anti-PD1 (entre 19 et 52%). D’autre part, pour les MU, les taux de réponse sous CC sont nettement supérieurs à ceux sous IT car il n’existe pas de réponse à 12 semaines des MU sous IT. Cependant, quelques stabilisations sont observées pour les MU sous IT, avec une amélioration discrète de la survie et un allongement de la durée médiane de réponse. Conclusion : Ces résultats suggèrent une efficacité des anti-PD1 en 1ère ligne pour le traitement des mélanomes muqueux ; alors que pour les mélanomes uvéaux, aucune réponse à 12 semaines n’est observée