L'importance des interactions plantes-herbivores dans les mécanismes démographiques des populations de campagnols (Microtus Pennsylvanicus) d'une vieille prairie

Entre 1980 et 1983 deux populations de campagnols des champs (Microtus pennsylvanicus) ont été étudiées, l'une clôturée avec un accès possible à la forêt et l'autre ouverte servant de contrôle. La population clôturée montre sa densité totale la plus élevée (62 animaux/ha) en 1983 alors que la population contrôle atteint 100/ha. Aucune différence significative n'est enregistrée entre les deux populations dans le nombre total d'animaux sexuellement actifs, l'âge et le sex-ratio, le nombre d'adultes ou le poids moyen des mâles. Par contre, le nombre de femelles et de subadultes sexuellement actifs diffère entre les deux populations et peut expliquer les différences de densité observées entre les champs. La biomasse végétale totale ne diffère significativement pas entre les deux champs mais varie selon les années et ne dépasse jamais 473 gm-2. Le couvert végétal est plus important dans le champ contrôle (entre 88-112%). Un changement temporel dans l'alimentation est observé à l'intérieur des deux populations. Les ressources alimentaires, notamment la Prêle des champs (Equisetum arvense), les Carex (Carex sp.), le Fraisier de Virginie (Fragaria virginiana) et la Vesce jargeau (Vicia cracca), représentent en moyenne 72 et 83% de la biomasse totale dans le champ contrôle et expérimental, respectivement, ainsi que 60% du couvert végétal dans les deux champs. La structure de l'habitat semble empêcher une croissance exagérée de la population animale et l'effet de clôture ne s'est pas manifesté. Aucune dispersion animale ou fluctuations cycliques n'ont été enregistrées. Les campagnols présentent une distribution contagieuse et une densité plus élevée dans les zones à couvert végétal important. Plus la densité augmente à l'intérieur du champ, plus la distribution est contagieuse dans ces zones. Aucune différence significative n'est enregistrée entre les zones à fort et à faible couvert végétal dans le nombre de femelles, de jeunes ou d'animaux sexuellement actifs. La différence de densité entre les zones ne peut être imputée à la qualité ou la quantité de la nourriture disponible, les animaux ayant la même alimentation et le même poids corporel peu importe la zone habitée. Ainsi, la qualité et la quantité des ressources alimentaires ne peuvent contrôler le patron de répartition spatiale dans cet habitat. Des ressources alimentaires des campagnols des deux champs montrent une digestibilité généralement faible (entre 19 et 68%) et plusieurs espèces possèdent des métabolites secondaires (MS) connus. Les plantes avec MS ne sont pas par contre délaissées et sont même préférées par les animaux et ceci peu importe le niveau de la densité animale. Les implications de tels résultats sont discutées