Les transgressions progressives des normes du conte dans La chaise du maréchal ferrant, de Jacques Ferron

Très peu d'ouvrages critiques ont exposé, jusqu'ici, une typologie complète, à nos yeux du moins, des caractéristiques du conte. La meilleure approche du sujet reste celle de France Vernier qui distingue entre autres le recours au merveilleux, la présence de personnages conventionnels, la mise en évidence de la fiction ainsi que l'absence de référence à l'histoire et à la géographie. Propp a signalé la présence de "fonctions" dans l'armature du conte, alors que Butor a, pour sa part, relevé après d'autres la portée axiologique du conte. En guise de contribution, si mince soit-elle, aux études littéraires, nous proposons d'ajouter ou de préciser, selon le cas, quatre caractéristiques additionnelles: la mise en évidence des ressorts de la fiction au moyen, entre autres, de l'emploi intensif de certaines métaboles, l'effacement du style direct, l'emploi d'un lexique abondamment évaluatif, ainsi que la prédominance de l'omniscience. L'hypothèse sous-jacente de cette étude est que l'oeuvre de Ferron est un roman, constitué dans le premier chapitre d'un "conte parfait" qui se départit de ses caractéristiques dans le deuxième chapitre, devient chronique dans le troisième, pour revêtir au quatrième les caractéristiques d'un roman