Le prix du Cercle du Livre de France de 1949 à 1959

Cette recherche tend à vérifier le caractère institutionnel de la littérature établi par des critiques, notamment par Jacques Dubois. Pour ce faire, j'ai saisi un aspect du système littéraire concernant la sélection des textes primés de 1949 à 1959, au Cercle du Livre de France. Le texte est un produit soumis aux mêmes conditions socio-économiques que toute autre production. En tant qu'objet de consommation, le roman primé nécessite une infrastructure qui conditionne sa circulation et sa valorisation. Pour illustrer ce processus, je privilégierai les romans primés au Cercle du Livre de France de 1949 à 1959, parce que son directeur-fondateur Pierre Tisseyre lança en 1949, un prix littéraire annuel pour stimuler la création et implicitement l'édition, et que, d'après le Rapport Massey, "Le Cercle du Livre de France a donné à l'édition cette impulsion régulière dont elle a tant besoin." De fait, de 1949 à 1959, 27% de la production romanesque est édité au CLF, alors que son plus proche concurrent, l'Institut littéraire du Québec, édite 13% de la production. Je me limite aux dix premières années du prix en raison de facteurs historiques qui donnent une certaine homogénéité à cette période, tandis que vers les années soixante, la structure du champ intellectuel se modifie sous la poussée des changements institutionnels