Histoire et utopie dans Verite de Zola

L’Histoire, on le sait, joue un rôle important dans la création romanesque de Zola. Son influence ne se limite pas à la question de la répercussion des faits historiques dans ses oeuvres, mais l’Histoire constitue aussi sa méthode de création : documentation et analyse de données. Cependant, cette méthode, qui ressemble à première vue, à celle de l’historien s’accompagne parfois d’anachronismes et s’éloigne de l’objectivité ; l’écrivain le plus souvent laisse libre cours à son imagination. Vérité est un roman écrit selon cette méthode de travail pseudo-historique. Mais l’influence de l’Histoire y est plus patente que dans les autres romans zoliens : non seulement il transpose l’histoire de l’Affaire Dreyfus au roman, mais il y développe aussi la question de la laïcisation, vivement discutée des années 1870 aux années 1910. Toutefois, il ne semble pas que Zola donne de l’importance à l’histoire dans l’éducation des enfants. Dans le roman, un épisode de la Révolution, la mort de Marat, est quelque peu raillé dans la scène du cours d’histoire à l’école primaire. Cette tendance s’explique d’une part, par la spécificité propre au genre du roman utopique dans lequel l’Histoire pèse peu, et d’autre part, par la nature de l’utopie zolienne fortement marquée de l’idée de progrès, susceptible de remplacer l’Histoire. L’idée de progrès et des épisodes moralisants qui l’illustrent sont certes les deux éléments majeurs qui ont vieilli ce roman. Mais l’originalité de l’utopie zolienne consiste justement en cette idée de progrès s’associant à l’utopie dont la nature est en principe statique