Entre folie de Dieu et raison d'Etat : la fragilité du droit face à une nouvelle police de la pensée : les mutations incertaines du pluralisme belge

Les débats récents du droit belge révèlent les limites nouvelles des politiques de neutralité face au respect revendiqué des droits de l’homme. Le modèle historique du pluralisme consociatif voit son oligopole catho-laïque mis en question par la montée en puissance des thématiques liées (à tort ou à raison) à l’Islam. La laïcité, reconnue jusqu’ici comme équivalent d’un culte reconnu, entend se muer en caractéristique dominante de l’Etat, et peut-être également de la société civile (et du monde économique). Le lexique du fondamentalisme pourrait alors être utilisé pour caractériser les abus en miroir de l’ensemble des acteurs. C’est toutefois bien plutôt la lecture du religieux qui s’y trouve modifiée. Dans cet exercice, les frontières entre Etat de droit et raison d’Etat s’obscurcissent. On fondera nos observations et hypothèses sur quelques débats juridiques récents sur la "primauté de la loi civile sur la loi religieuse », sur l’émergence d’un cours de citoyenneté et d’un contrôle des contenus des cours de religions et de morale à l’école publique, sur la figure de la « neutralité d’entreprise », ou encore celles des funérailles religieuses versus neutres