Écrire pour de l’argent, La correspondance administrative de Barthélemy Faujas de Saint-Fond avec l’État français de la Révolution à la Restauration

International audienceL’étude des gens de sciences relève à bien des égards, de différentes façons d’aborder l’histoire. Elle peut être sociale et observer les modes de vies et de sociabilité, elle peut être culturelle et s'intéresser aux émergences et variations des disciplines, de la perception du monde par les savants. Toutefois, cette histoire des gens de sciences, comme le montrent Jean-Luc Chappey et Antoine Lilti dans un article intitulé « Les demandes de pensions des écrivains, 1780-1820 », peut être également administrative. Ces auteurs ont réussi à mettre en lumière des pratiques sociales et culturelles qui ouvrent un autre champ de recherche. En effet certains fonds presque inexplorés révèlent des situations de véritables batailles entre l’État et les gens de science. Ils montrent les liens étroits entre le pouvoir et les savants, les liens d’influence et les difficultés induites par les aux changements de régime. Ces archives, créées initialement sous l’Ancien Régime pour garder une trace de cette gestion centralisée des « intellectuels », montrent que l’État devient le nouveau mécène en chef.Bien sûr, il ne s’agira pas ici de donner une vision élargie des rapports de pouvoir et d’argent entre le savant et l’administration, mais de placer la focale sur un exemple particulier qui a retenu notre attention.Nous envisagerons alors le cas du géologue Barthélemy Faujas de Saint-Fond, professeur-administrateur au Muséum National d’Histoire Naturelle qui depuis la révolution, n’a cessé de batailler avec sa hiérarchie, soit pour récupérer ses pensions perdues, soit pour de nombreux problèmes liés à ses frais de voyage. Ainsi, en croisant différends fonds, nous verrons comment cette correspondance très suivie entre Faujas et l’État montre comment étaient gérés certains hauts fonctionnaires et comment les changements politiques engendraient des mutations managériales parfois violentes pour les savants en place