« Le discours de l’incertain et de l’inconnaissable chez Jules Romains : de la rigueur scientifique à l’immédiateté musicale »

International audienceMettant en scène des personnages qui, au moment d’évoquer des événements « surnaturels » ou d’entrer en contact avec le monde des esprits, font usage de rhétoriques qui peuvent être honnêtes (comme la rhétorique scientifique ou la rhétorique du bégaiement) comme malhonnêtes (comme la rhétorique pseudo-scientifique ou la rhétorique sibylline), Jules Romains laisse entendre qu’au seuil des mystères psychiques, la parole hésite. Le surnaturel, donc, serait bel et bien inintelligible, ou du moins ne pourrait être expliqué ou exposé par les seuls moyens des mots et du langage. L’exploration de l’extraordinaire conduirait la parole à faire l’expérience de ses propres limites. En cela, le fantastique romainsien est moderne, puisqu’il entraîne un écrivain ennemi des vaines audaces à interroger l’au-delà de la littérature. En outre, si la parole trébuche, c’est que l’unanimisme n’est pas parvenu à vaincre l’incommunicable. Il ne reste dès lors à Jules Romains qu’un seul recours : la musique, qui est fantastique en ceci que, constituant une utopie psychique, elle est à la fois triomphante et vaine