Ethics and morality: an inquiry into Hannah Arendt's political thought of action

Arendt's concept of political action invites long-standing criticisms concerning its seemingly amorality on the one hand, and admiration regarding her aestheticism as a way to recover meaning in a disenchanted world on the other. Recent scholarship tends to ascribe an ethic of plurality to Arendt and I will join this trend. Drawing upon Paul Ricoeur's distinction between ethics and morality, this essay offers a new response to these worries about amorality by identifying Arendt's ethical and moral commitments about politics, while attempting to value Arendt's deep concern for plurality without sacrificing her emphasis on the revelatory character of action. From the perspective of political ethics, it does so by explicating Arendt's statement that action arises out of "the will to live together with others"; the inherent plurality underpinning Arendt's notion of narrative and "a web of relationships"; Arendtian principles characterized with affective components; and common sense understood in its Aristotelian heritage as a coordinating sense. I argue that Arendt's principled action refers to acting with others in a space of appearance constituted by individuality and distinctiveness. From the perspective of morality, flagging the identity-constitutive role of promising and the logic of forgiving, I contend that both address action. Without a personality underlying the deed, there is no forgiveness. Thus the redemptive power of forgiving is not morally problematic.Le concept d'action politique d'Arendt a fait l'objet de critiques en ce qui a trait à son apparente amoralité. Ce concept a aussi reçu de l'admiration en raison de son approche esthétique visant à retrouver le "sens" dans un monde désenchanté. Des travaux récents tendent à associer Arendt à une éthique de la pluralité, et je me rangerai à cette interprétation. En me servant de la distinction que propose Paul Ricoeur entre éthique et moralité, j'offre dans cet essai une nouvelle réponse aux critiques qui soutiennent que la théorie de l'action politique de Arendt est non éthique ou amorale. Cet essai vise également à mettre en valeur l'emphase arendtienne sur le caractère révélateur de l'action. Du point de vue de l'éthique politique, je m'y prendrai en expliquant l'énoncé d'Arendt selon lequel l'action émerge "de la volonté de vivre ensemble avec les autres", la pluralité inhérente à la base de sa notion de narratif et de "toile de relations", les principes arendtiens caractérisés par des composantes affectives ainsi que le sens commun tel qu'entendu dans l'héritage aristotélicien, soit comme un sens coordinateur. Je soutiens que l'action raisonnée renvoie à cet agir avec d'autres dans un espace d'apparence constitué à la fois par l'individualité et la spécificité. Du point de vue de la moralité, pour Arendt, la "personnalité" implique déjà une notion de qualité morale. L'acteur politique agirait moralement dans le sens où il fait et garde ses promesses, car il sait que le pouvoir émerge de l'action concertée, cette action étant basée sur la conscience de la pluralité de l'action et du respect des personnes. Le pouvoir rédempteur du pardon n'est pas moralement problématique, en ce sens qu'il n'y a pas de pardon s'il y a absence de personne