LE GENRE TEMOIGNAGE : QUEL SAVOIR, QUEL LECTEUR ?

International audienceNos sociétés contemporaines valorisent la transmission de l’expérience par sa mise en récit mais les différentes formes du récit historique engagent diffrents rapports à la réalité et à la mémoire, différentes exigences narratives et différents pactes auctoriaux. Le récit de l'expérience vécue (Lejeune 1975)présente lui aussi des spécificités et des exigences : lorsque le projet de transmission du passé et celui du dire à la première personne se croisent, se pose alors un « pacte de lecture » complexe, qui reconnait à l’auteur le droit de se raconter et d’émouvoir, et parfois d'inscrire un itinéraire personnel dans un contexte collectif. Tout en assumant un refus explicite de la fiction, ces genres s'inscrivent pourtant dans un rapport plus ou moins lâche avec l'exigence de véracité historienne en même temps qu'ils se focalisent sur le sujet, premier filtre de l'évènement narré qu'il restitue de l'intérieur.Le genre du témoignage présente alors des spécificités qui engagent son inscription complexe dans les genres et les formes narratives, mais également dans l'histoire de la littérature : en effet, il ne s'inscrit pas dans les catégories génériques traditionnelles (Kate Hamburger, Logique des genres littéraires, 1977). Il restitue également une histoire contemporaine douloureuse voire traumatisante, ce qui engage un rapport tout à fait particulier au savoir transmis, et à la mémoire collective (Rastier, Lacoste)