Tahar Djaout entre rire et conte

Tahar Djaout, journaliste et écrivain, exprime dans son œuvre la résistance à une société au bord du gouffre. Le choix du français apparaît comme une troisième voie entre l'arabe imposé et le kabyle étouffé, mais sa démarche recèle d'autres paramètres que nous nous proposons d'étudier à partir de deux romans Les Chercheurs d'os (1984) et Les Vigiles (1991). La tragédie du quotidien s'élabore sans pathos. Cette lecture repose sur l'analyse d'un humour spécifique relevant de l'esprit voltairien et de la mise en scène de l'absurde qui souligne la virulence de la prose. Le comique amer s'emploie à démystifier les héros du passé, expose le pourrissement de la société et l'aliénation de la liberté de penser. D'autres éléments signent une particularité de Djaout en particulier le traitement réservé au conte dans l'écriture qui procède d'une double tradition, celle des Mille et Une Nuits et celle de l'oralité kabyle. De ces références jaillissent le désir de s'inscrire dans une continuité narrative et une souterraine revendication de l'identité amazigh.Rey Mimoso-Ruiz Bernadette. Tahar Djaout entre rire et conte. In: Horizons Maghrébins - Le droit à la mémoire, N°52, 2005. La francophonie arabe : pour une approche de la littérature arabe francophone. pp. 48-55