Les forts français et le contrôle de l’espace dans le Haut-Sénégal-Niger (1855-1898)

The European presence in Africa was materialised by the implantations of military bases. Supported by the artillerie, this military architecture appeared to be the main foundation of the Western supremacy on that continent starting from the end of the 15th century. Up to the middle of the 18th century, however, these forts hold a marginal position and seem only to serve to create a sphere of commercial influence ; but from 1855, they ceased to be a mere shelter for the slave traders and were integrated in a vast offensive strategy aiming at the territorial domination. The geographical area of Niger-Upper Senegal coveted by France is under control of strong leaders who, after dark centuries of Slave Trade, were trying to create vast political groupings. These leaders were El Hadj Omar and his son Ahmadou, and Samory Touré. Conscious of the dangers represented by these «White men stone buildings» to the sovereignty of their countries, they attempted, but in vain, to prevent their construction. Appointed governor of Senegal in 1854, Faidherbe was one of the first leaders to lay down the principle of effective occupation ; to that end, he planned to penetrate the country by a gradual construction of military forts, the one of Médine appeared right from the beginning to symbolise the French military supremacy. But it is mainly from 1880 that the castrametration appears to be one of the major worries of the colonizing technicians whose main objective was to establish the Senegal-Niger junction. All along this period which starts in 1855 and ends in 1892, in spite of the heroism, the African résistants could not drive the Frenchmen from their forts, on the contrary, it is their artillery’s firing power which came to reduce the most powerful Tata (African clay forts). Then one can say that implantation of forts has greatly contributed to the work of Sage, which helped to conquer Africa in the second half of the 19th century.La présence européenne en Afrique s’est très tôt matérialisée par l’implantation de forts ; cette architecture militaire, appuyée par l’artillerie, apparaît comme le principal fondement de la suprématie de l’Occident dès la fin du XVe siècle. Jusqu’au milieu du XIXe siècle cependant, ces forts occupent une position marginale et répondent au seul souci de créer une sphère d’influence commerciale ; mais à partir de 1855, ils cessent d’être un simple abri pour traitants et s’intègrent dans une vaste stratégie offensive en vue de la domination territoriale. L’espace géographique du Haut-Sénégal-Niger que convoite alors la France est contrôlé par des leaders d’une grande étoffe qui, après les siècles obscurs de la Traite, tentent de recréer de vastes ensembles politiques : ce sont El Hadj Omar et son fils Ahmadou, et Samory Touré. Conscients du danger que représentaient pour la souveraineté de leur pays ces «Bâtisses en pierre des Européens», ils tenteront en vain d’empêcher leur édification. Faidherbe, nommé gouverneur du Sénégal en 1854, fut l’un des premiers à poser le principe de l’occupation effective ; pour cela, il projeta la création d’une voie de pénétration échelonnée de forts ; celui de Médine apparaît dès le début comme le symbole de la suprématie militaire de la France. Mais c’est surtout à partir de 1880 que la castrametration apparaît comme l’un des soucis majeurs des techniciens de la colonisation, dont l’objectif était d’établir la jonction Sénégal-Niger. Tout au long de la période qui s’étend de 1855 à 1898, les résistants africains, malgré leur héroïsme, ne purent jamais déloger les Français de leurs forts ; par contre, la puissance de feu de l’artillerie parvint toujours à réduire les Tata (forteresses africaines en argile) les plus puissants. En ce sens on peut dire que l’implantation des forts a grandement contribué au travail de Sage qui a favorisé la conquête de l’Afrique dans la deuxième moitié du XIXe siècle.Bah Thierno Mouctar. Les forts français et le contrôle de l’espace dans le Haut-Sénégal-Niger (1855-1898). In: 2000 ans d’histoire africaine. Le sol, la parole et l'écrit. Mélanges en hommage à Raymond Mauny. Tome II. Paris : Société française d'histoire d'outre-mer, 1981. pp. 977-995. (Bibliothèque d'histoire d'outre-mer. Études, 5-6-2