Malformation faciale congénitale à l’adolescence : les enjeux psychiques d’une chirurgie réparatrice

Les malformations faciales congénitales interrogent dès la période périnatale le deuil de l’enfant imaginaire, la transmission, le regard de la mère, la mise en place de l’oralité. Elles s’immiscent dans l’établissement des liens précoces parents-enfant, avant de conditionner l’accès au monde et à autrui du jeune qui en est porteur. A l’adolescence, le corps est l’objet de transformations pubertaires tandis que l’appareil psychique – en plein travail d’intégration de ces modifications corporelles – est pris d’assaut par des questionnements nouveaux et insolites : séparation, individuation, remaniement du Moi idéal, accès à la sexualité, intégration de groupes sociaux. Une fois encore, la malformation vient interférer dans le processus amorcé. Cherchant à comprendre le fonctionnement psychique de ces adolescents et la place qu’occupait l’ultime chirurgie réparatrice de leur parcours de soins pédiatriques, nous avons mené une étude clinique évaluant leur état psychique général, leur vécu des soins, leur estime personnelle, leur image corporelle, leur symptomatologie anxieuse et dépressive en pré et en post opératoire. Les résultats révèlent un fonctionnement psychique global adapté et de bonne qualité, mais un retard au déclenchement d’un processus adolescent psychiquement efficace. S’ils s’en emparent, l’intervention chirurgicale peut jouer le rôle symbolique et fantasmatique de passage de l’enfance à l’âge adulte. Guéris, réinscrits dans une filiation, après une période de grande vulnérabilité psychique préopératoire, les jeunes voient la réalisation de leurs attentes existentielles et narcissiques se profiler. S’ouvrent à eux de nouvelles relations au monde et aux autres