« L’existence comme factualité transcendantale chez Jean Ladrière »

Dans cette étude, je me suis attachée à montrer que l’enjeu du projet transcendantal comprend chez Ladrière deux aspects complémentaires. L’un consiste à rendre compte du champ tout entier de la manifestation ; l’autre, à reconstituer les structures fondamentales de l’expérience. Le projet transcendantal repose d’abord chez Ladrière sur l’idée que le monde contient en lui les principes de son intelligibilité. Se livrer ne consiste pas pour l’être à se dévoiler purement et simplement mais à s’indiquer comme relié à un principe qui n’est pas lui-même phénomène. En réponse à la « la problématicité de la phénoménalité elle-même », Ladrière définit le « savoir authentique » comme remontée aux principes, c’est-à-dire au champ de l’être, conçu comme source de toute actualité. Ici s’opère donc une véritable conversion : si la dimension transcendantale a d’abord été comprise comme structure a priori de la raison, elle l’est désormais comme structure a priori du monde. Le projet transcendantal engage l’existence au titre du potentiel qu’elle a à questionner. Considérant l’activité de la pensée dans la perspective herméneutique – et plus particulièrement l’herméneutique du discours scientifique – dans laquelle se tient nécessairement l’existence questionnante, j’ai montré qu’être au monde signifie pour Ladrière savoir questionner ; ou plutôt, qu’être au monde, c’est faire surgir du transcendantal un questionnement