RESEAUX SAVANTS ET ENJEUX CLASSIFICATOIRES DANS LE TRAITE DE PSYCHIATRIE DE L'ENCYCLOPEDIE MEDICO-CHIRURGICALE (1947-1977): L’EXEMPLE DE LA NOTION DE PSYCHOSE

The word "psychosis" is the one which prevailed as the scholarly term for insanity. The perspective adopted to define the issues is the history of scholarly sociability. The time frame (1947-77) was chosen to reflect the career of French psychiatrist Henri Ey, the central figure in the post-war Evolution Psychiatrique group. Referring to the Traité de Psychiatrie (in the Encyclopédie Médico-Chirurgicale, or EMC) which Ey edited until his death, I study the perpetuation of a tradition of thought whereby psychiatrists classified mental illnesses in two categories, "acute psychoses" and "chronic psychoses." The thesis retraces the genesis of the word "psychosis" and analyzes the reactivation of the Evolution Psychiatrique group leading to the publication of their collective work (1955). Ey's theory of "organodynamism," inspired by the work of British neurologist John Hughlings Jackson, became the touchstone for establishing links between issues related to the concept of psychosis, the writings of EMC contributors, and the longer-term history of mental illnesses. My interpretation of the texts is oriented toward a series of four principal themes: acute or chronic delusional states, the neo-jacksonian theory of epilepsy, and the psychoanalytic theory of schizophrenia. Lastly, in the form of an epilogue, I consider the revised and updated edition of the EMC (1956-77), in which it is possible to observe some tension between classification, of which the concept of psychosis is an integral part, and a series of medical, intellectual, and cultural innovations, as well as disputes (anti- psychiatry). At the end of the period studied, I question whether the large categories of mental illnesses, classified in the past under the word "psychoses," are still pertinent in relation to these upheavals. The fact that some of Ey's associates, like Henri Ellenberger and Georges Lantéri-Laura, chose a historiographic or methodological approach is a radical departure from the outline of a general theory of psychopathology.Le mot psychose est le mot savant qui s’est imposé pour dire la folie. La perspective adoptée pour en cerner les enjeux est l’histoire des sociabilités savantes. Les dates (1947-1977) ont été choisies en fonction de l’activité d’un psychiatre français, Henri Ey, au centre du groupe l’Evolution Psychiatrique après-guerre. A partir du Traité de Psychiatrie de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale (EMC) qu’il a dirigé jusqu’à la fin de sa vie, j’étudie la permanence d’une tradition de pensée qui regroupe les maladies mentales dans les classifications psychiatriques en deux catégories, « psychoses aiguës » et « psychoses chroniques ». La thèse retrace la genèse du mot psychose et analyse la relance du groupe de l’Evolution Psychiatrique jusqu’à la publication de l’ouvrage collectif (1955). La conception « organo-dynamique » d’Henri Ey, inspirée du neurologue anglais John Hughlings Jackson, s’est imposée comme fil conducteur pour établir des liens entre les enjeux de la notion de psychose, les travaux des collaborateurs à l’EMC, et l’histoire des maladies mentales sur une plus longue durée. Ma lecture des textes s’attache à une série de quatre thèmes principaux : le délire aigu ou chronique, la psychose endogène, la conception néo-jacksonienne de l’épilepsie et la ou les conceptions psychanalytiques de la schizophrénie. Enfin, j’envisage les textes de mise à jour de l’EMC (1956-1977) sous la forme d’un épilogue, où l’on observe une tension entre la classification dont la notion de psychose est solidaire et une série d’innovations médicales, intellectuelles et culturelles, mais aussi de contestations (antipsychiatrie). Au terme de la période observée je me demande si les larges groupes de maladies mentales considérés par le passé sous le mot psychose ont toujours une place face à ces bouleversements. L’orientation de certains collaborateurs d’Henri Ey, comme Henri Ellenberger et Georges Lantéri-Laura, vers l’histoire et ses méthodes, rompt avec le projet d’une psychopathologie générale