La quête d’asile des exilés sud-asiatiques en France

International audienceLes exilés sud-asiatiques en France à l'épreuve du soupçon. Estelle d'Halluin 1 L'asile représente une valeur des sociétés démocratiques contemporaines. Parfois légitimée dans les discours politiques par une tradition millénaire, celle-ci est surtout ancrée aujourd'hui dans une légitimité rationnelle légale. Un droit international des réfugiés prévaut ainsi depuis plus de soixante ans, dont la Convention de Genève du 28 juillet 1951 constitue le socle. Il fut élaboré dans un contexte marqué par le souvenir du génocide et des atrocités de guerre, impulsé par la recherche de solutions pour des centaines de milliers d'exilés et déplacés de guerre. Il assure aux individus menacés de persécutions un « droit d'avoir des droits », selon la célèbre formule d'Hannah Arendt 2. Désormais, les Etats ratificateurs s'engagent à protéger toute personne « qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. » 3 La Convention promeut « une conception individualiste et universaliste » du réfugié, « en phase avec la promotion des droits de l'homme au plan international dont elle est contemporaine » 4. Autrement dit, les Etats ne contractent plus au coup par coup des arrangements ponctuels (souvent non contraignants) pour protéger les individus appartenant à tel ou tel groupe menacé (ce fut ainsi le cas des 1 Sociologue, Maître de conférences à l'Université de Nantes, chercheuse au CENS. FRE-CNRS 3706. 2 ARENDT, Hannah, Les origines du totalitarisme. L'impérialisme, Paris, Fayard, 1982, 352 p. 3 Article 1A2 de la Convention de Genève du 28 juillet 1951. 4 LOCHAK, Danièle, "Qu'est-ce qu'un réfugié ? La construction politique d'une catégorie juridique", Pouvoirs, n° 144(1), 2013, p. 45