Chateaubriand et le monde sensible

International audienceLes études réunies dans ce volume analysent la relation ambivalente que Chateaubriand entretient avec le monde sensible. Une polarité dynamise son œuvre entier, tendu entre la tentation des sens et la leçon chrétienne qui invite au détachement de la matière du monde. Cette opposition se révèle en réalité trop schématique, car le monde sensible est à la fois ce qui éloigne de Dieu et ce qui y conduit. La sollicitation des sens et la tentation du sensible sont ainsi l’objet d’un questionnement permanent, comme en témoigne son écriture de Chateaubriand, toujours attentive à la matérialité du signifiant, notamment dans les sonorités et le rythme de la phrase ; son style convoque des images sensibles, à travers la puissance et l’inattendu de ses métaphores. Cette écriture des sens a valu à Chateaubriand le surnom de « l’Enchanteur » – qui désigne à la fois celui qui maîtrise le chant et celui qui joue du charme et de la magie des sens.Cette relation au monde sensible est abordée en trois grandes perspectives. Les études de la première partie explorent les formes et les structures de l’écriture du sensible : la phrase, et son rythme, le travail des figures comme la synesthésie ou dans le traitement de thèmes structurants, comme la chevelure ou les sensations de l’enfance. La deuxième partie est consacrée à la description d’éléments de la nature, comme l’eau, les fleurs et l’ombre, interrogeant la valeur que prend la beauté de la nature. Enfin, une dernière partie porte plus précisément sur le paysage qui incarne par excellence l’enchantement chez Chateaubriand, à savoir celui de Naples, avec Pompéi et le Vésuve. Ces études définissent ainsi les contours d’une poétique du sensible, appréhendée dans l’ambivalence qui la travaille en profondeur, entre les charmes d’une séduction dangereuse et le signe d’une beauté du monde manifestant la présence du divin