Vers un complément à l'audiométrie tonale pour le suivi auditif du militaire

Thèse présentée sous la forme d'une "thèse article"The auditory surveillance of military personnel exposed to noise is based on threshold tonal audiometry. Animal studies have shown that noise exposure that causes temporary threshold shifts may lead to synaptopathy between the inner hair cells and the auditory nerve. Extrapolation to humans suggests that noise exposure can lead to auditory lesions undiagnosed by threshold tonal audiometry (so called “hidden hearing loss”). However, recent studies disagree about the presence of cochlear synaptopathy in normal hearing humans. The French armed forces biomedical research institute is currently conducting studies in order to clarify this issue which could lead to a better understanding of the consequences of noise exposure and hence, update the noise exposure and protection standards. The present study was conducted among 35 normal-hearing listeners. The results show that listeners exposed for the longest time have poorer scores in consonant recognition in noise and in frequency modulation detection. Those results are consistent with noise induced cochlear synaptopathies. Nevertheless, additional data from similar ongoing studies is needed to confirm our main finding.Le suivi auditif des militaires exposés au bruit repose actuellement sur l’audiométrie tonale liminaire. Des travaux chez l’animal ont montré qu’une exposition au bruit pouvait entraîner l’apparition de synaptopathies cochléaires irrémédiables, malgré une élévation transitoire des seuils auditifs liminaires. L’extrapolation à l’humain suggère que l’exposition au bruit pourrait entraîner des lésions non détectables par l’audiométrie tonale liminaire réalisée à distance de l'exposition au bruit. Ainsi les synaptopathies cochléaires sont également appelées « pertes auditives cachées » ou « hidden hearing loss ». Cependant, leur existence chez l’humain normo-entendant demeure incertaine. Pour tenter de répondre à cette question, l’Institut de recherche biomédicale des armées a mesuré les capacités auditives supraliminaires de 35 sujets normo-entendants ayant entre une et 24 années d’exposition professionnelle au bruit. Les résultats montrent que les scores d'identification de parole en environnement bruyant et la capacité à détecter une modulation de fréquence, se dégradent avec le nombre d’années d’exposition, indépendamment de l’âge des sujets. Ces résultats pourraient être compatibles avec la présence de synaptopathies cochléaires. Par ailleurs, la confirmation de l'existence de ces lésions chez l'homme imposerait une refonte des normes d’exposition et de protection des sujets exposés au bruit