Les affaires, la mode et la mer : ports et entrepreneuriat au féminin en Méditerranée occidentale dans les dernières décennies de l’Ancien Régime

La question de l’entrepreneuriat au féminin, de la place des femmes dans les affaires et de leur rôle dans l’essor du capitalisme marchand et manufacturier à l’époque moderne – que ce soit par le biais du travail ou de l’investissement financier –, a jusqu’à présent suscité des travaux importants mais dispersés, qui portent essentiellement sur l’espace atlantique et le Nouveau-Monde. La Méditerranée reste ainsi, à ce jour, largement sous-représentée dans les études sur les femmes et le négoce maritime, en dépit des perspectives esquissées par quelques travaux novateurs et des sources disponibles – depuis les procurations qui gonflent les archives des notaires jusqu’aux registres matricules faisant mention des parts de navires, en passant par les dossiers de faillites ou les correspondances marchandes laissées par exemple par la puissante maison Roux de Marseille. L’objectif de cette contribution est tout d’abord de proposer des pistes de réflexion sur les liens entre genre et capitalisme marchand en Méditerranée et sur la construction des espaces de l’échange par les pratiques sociales. À partir de sources lyonnaises et marseillaises, il s’agira ensuite d’aborder le cas, a priori anecdotique au regard du grand négoce maritime, du commerce des modes dans les dernières décennies de l’Ancien Régime ; le rôle des ports dans les stratégies d’approvisionnement et de conquête de nouveaux marchés par des femmes (marchandes de modes) exerçant paradoxalement loin de la mer sera tout particulièrement interrogé.