Rubens: des camées antiques à la galerie de Médicis

International audienceCe livre étudie deux projets que le peintre Pierre-Paul Rubens (1577-1640) a formés de manière contemporaine et en lien étroit avec l'antiquaire Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637): le recueil de gemmes que Rubens passe pour avoir préparé en collaboration avec Peiresc d'une part; le cycle de peintures destinées à décorer la galerie de Marie de Médicis au palais du Luxembourg d'autre part. Tous deux passionnés de camées antiques et collectionneurs, Rubens et Peiresc échangent, au fil des années, de nombreuses informations sur la glyptique antique, ainsi que des objets: moulages et empreintes de gemmes, dessins, estampes. L'un et l'autre ont des ambitions de publication dans le domaine des arts précieux antiques : tandis que Peiresc souhaite faire connaître le Grand Camée de France qu'il a découvert dans le trésor de la Sainte-Chapelle en 1620, Rubens a probablement l'intention de publier une partie de son cabinet. À partir de l'évocation, généralement fugace, de projets éditoriaux dans la correspondance du peintre et de l'érudit provençal, mais aussi de l'existence de plusieurs estampes de l'atelier Rubens représentant des camées, on postule généralement que les deux amis préparaient un recueil qui devait être cosigné, mais qui ne vit jamais le jour. Ce recueil fantôme est mentionné dans les ouvrages sur la glyptique antique, sans que ses contours soient véritablement précisés. Or, les estampes issues de l'atelier Rubens ne reproduisent pas un ensemble de gemmes représentatif de la collection personnelle du peintre, mais une sélection qui se focalise sur l'iconographie du pouvoir impérial. Ce constat, qui n'a à notre connaissance pas été formulé de manière claire dans les travaux antérieurs portant sur cette série d'estampes, nous a incitées à réexaminer les sources relatives au(x) projet(s) de publication de Rubens et de Peiresc, puis à considérer les liens que ces recherches antiquaires pouvaient entretenir avec leur engagement, en ce même début des années 1620, dans l'élaboration de la galerie Médicis