Pour une analyse sociale et spatiale des représentations du risque

International audienceWhile risk perception studies have flourished in an expanded interdisciplinary field since the early works of geographers and psychologists in the 1960s, the wide array of risk perception drivers remain controversial. This paper proposes to shift from location-specific approaches to a space-based framework in order to develop the relationship between risk perception, residential segregation and exposure to hazards. The data is provided by a spatially and socially representative survey (n = 621) carried out in Bucharest, Romania. Bucharest is a medium-size European capital particularly exposed to floods, earthquakes, hazardous activities and pollution. Rapid deindustrialization and the enduring memory of the last major earthquakes provided a good context in which to develop time and space dimensions. Data is used to compare three different models: the aggregate ratings of extreme events, the significance of individual differences, and Multiple Correspondence Analysis (MCA) to place emphasis both on differences between rated phenomena and between respondents. Results are mapped and compared with official risk delineation maps in order to highlight those neighbourhoods where there are considerable disparities between perceived risk and assessed risk. These comparisons establish the relevance of the space-based framework. They are also confirming most classical hypotheses and revealing the systematically strong explanatory power of space. This implies that random sample surveys as well as location-specific studies may have been systematically biased. The strong spatial oppositions in risk perception are explained by residential segregation and the respondents’ environment. Implications for risk perception studies and risk communication are then discussed.Alors que les études de perception et de représentation du risque se sont développées en un vaste champ interdisciplinaire depuis le début des travaux de géographes et des psychologues dans les années 1960, l’effet des nombreux facteurs sur la perception du risque reste controversé. Cet article propose de passer d'approches localisées ponctuelles à une analyse territoriale afin d’explorer la relation entre perception du risque, exposition aux aléas et ségrégation résidentielle. Les analyses reposent sur une enquête spatialement et socialement représentative (n = 621) à Bucarest, Roumanie. Bucarest est une capitale européenne particulièrement exposée aux inondations, séismes, accidents industriels et pollutions. La désindustrialisation rapide et l’entretien de la mémoire des derniers séismes majeurs sont le contexte stimulant idéal pour explorer les dimensions temporelles et territoriales. L’enquête est utilisée pour confronter trois différents modèles: les évaluations agrégées des événements extrêmes, l'importance des différences individuelles, et une analyse des correspondances multiples permettant de mettre l'accent à la fois sur les différences entre les phénomènes évalués entre les personnes interrogées. Les résultats sont cartographiées et comparées avec des cartes d’exposition aux aléas afin de mettre en évidence les quartiers où il y a des disparités considérables entre le risque perçu et risque mesuré. Ces comparaisons établissent la pertinence d’une analyse territoriale. Les résultats valident également la plupart des hypothèses classiques et révèlent le fort pouvoir explicatif des variables spatiales. Cela implique que les enquêtes par sondage aléatoire ainsi que les études localisées ponctuelles peuvent avoir été systématiquement biaisé. Les fortes oppositions territoriales dans les représentations du risque sont expliquées par la ségrégation résidentielle et l'environnement des répondants. Les implications pour les études sur la perception des risques et la communication des risques sont alors discutées