De didascalie en diégèse: le fantastique moderne et «Un coeur simple»

Rattachée à l\u27étude des genres chez Flaubert, une question qui reste à approfondir concerne le soin qu\u27a mis le romancier à éviter l\u27anachronisme dans ses images diégétiques ainsi que dans ses diverses formulations de la causalité, les deux réseaux appartenant souvent à un même ensemble de données culturelles. On voit dans cette attention de Flaubert un souci d\u27exactitude historique, certes, mais qui va de paire avec le statut générique de son ouvrage. Déjà dans le conte oriental de sa jeunesse, Flaubert savait que c\u27était le cas pour le merveilleux: certains genres admettent volontiers l\u27intervention du surnaturel et se définissent même en fonction d\u27de. D\u27autres l\u27acceptent moins faulement, là par exemple où les attitudes et le parler d\u27une culture positive gouverneraient la diégèse. Ces distinctions peuvent s\u27obscurcir cependant, et nous rappellerons que de nos jours Todorov a élaboré une taxonomie pour le fantastique qui serait la modalité de l\u27indécision-chez le lecteur ou chez un personnage-entre l\u27étrange et le merveilleux, entre ce qui peut ou ne peut pas s\u27expliquer selon les lois quotidiennes. Or cent ans plus tôt, Flaubert fut préoccupé par un enchevêtrement de modalités bien similaire, et l\u27on peut s\u27étonner que ses catégories ressemblent à peu près à celles de Todorov. Bien qu\u27il n\u27y ait pas chez Flaubert de modalité proprement dite qui correspondrait au fantastique de Todorov, l\u27indécision qui marquera certaines de ses oeuvres résulte de la confusion entre deux explications, l\u27une psychologique et l\u27autre externe et d\u27ordre «fantastique» (les visions d\u27Antoine, ou des parents de Julien, par exemple), du mélange des genres