Écologie Industrielle : Quelles contributions possibles au modèle d'affaires des PME ?

International audiencePerspective porteuse de transformations profondes des pratiques industrielles à l’égard de l’environnement (Beaurain & Varlet, 2014), l’écologie industrielle connait des applications concrètes à l’échelle planétaire afin de répondre aux besoins pressants de réduction de la consommation des ressources naturelles, de la production des déchets, etc. Elle se traduit par une vision circulaire des ressources de l’activité industrielle au détriment d’une économie linéaire ; et une remise en cause fondamentale des réponses parcellaires et cloisonnées apportées depuis lors aux enjeux environnementaux (Erkman, 2004). Si l’écosystème industriel mature appréhendé comme celui dans lequel les activités industrielles réalisent un bouclage complet des flux de matières, ne prélevant aucune nouvelle ressource dans la nature et recycle la totalité des rejets ou des déchets des entreprises (Allenby, 2006 ; Allenby & Graedel, 1995 ; Allenby, 1992) est encore difficile à atteindre, la valorisation des flux de matières et d’énergies suscite beaucoup d’intérêt, en raison des opportunités d’affaires qu’elle génère ; et l’urgence de la mise en œuvre du développement durable (Short et al, 2014 ; Sharpe & Argawal, 2014 ; Kabongo, 2006). En effet, l’écologie industrielle se réfère à une stratégie de réorganisation et de gestion des processus d’affaires à l’échelle des différentes fonctions des entreprises engagées (Short et al, 2014 ; Adoue & Georgault, 2014 ; Kabongo, 2006 ; Tibbs, 1993). Reposant sur des dynamiques coopératives entre plusieurs agents économiques (Chertow, 2000), elle se traduit bien souvent par un pragmatisme entrepreneurial, des changements managériaux, technologiques dans les modèles d’affaires afin de répondre à des processus dynamiques, marqués par un contexte économique de plus en plus concurrentiel (Short et al, 2014 ; Kabongo, 2006 ; Boiral & Kabongo, 2004). C’est d’ailleurs pourquoi l’objectif de gains économiques est mis en évidence pour souligner la motivation d’un nombre d’entreprises, plus particulièrement les PME à se déployer dans les démarches d’écologie industrielle (Antikainen & Valkokari, 2016 ; Varlet, 2012 ; Jacobsen, 2006 ; Ayres & Ayres, 1996). En s’inscrivant dans une approche managériale qui restreint l’écologie industrielle, à la seule échelle de l’entreprise, plus particulièrement des PME, cette communication appréhende l’écologie industrielle comme une démarche planifiée par les gestionnaires d’entreprises, cherchant à maximiser les opportunités d’affaires qu’elles génèrent (Short et al, 2014 ; Esty & Porter, 1998 ; Erkman, 1998 ; Tibbs, 1993). A partir d’une codification d’informations collectées auprès d’acteurs industriels du Limousin (Chembessi, 2016), cette communication analyse les relations possibles entre la taille des entreprises, les synergies industrielles, les gains économiques, environnementaux et sociaux, qui s’intègrent dans les modèles d’affaires et la performance des entreprises. Les résultats préliminaires montrent par exemple qu’il n’existe pas de liens entre la taille des entreprises, et les objectifs encourus. Qu’il s’agisse de grandes entreprises, ou encore de petites et moyennes entreprises, celles-ci sont particulièrement motivées par la création de valeur ajoutée économique. De nombreux déterminants tels que le nombre de démarches au sein de l’entreprise, la quantité de matières internes ou externes recyclées ou valorisées, la qualité de celle-ci, les coûts de mise en œuvre de l’écologie industrielle voire la confiance entre acteurs (entreprises), influencent les gains économiques que les entreprises en tirent. Cependant, en fonction du secteur d’activités, l’impact de ces déterminants n’est nécessairement pas le même pour une PME ou une grande entreprise. Au travers d’une analyse en composantes principales, on s’aperçoit que les démarches d’écologie industrielle sont influencées par le nombre de synergies existantes, les coûts associés à leur mise en œuvre, les bénéfices générés ; et que les gains environnementaux et sociaux n’expliquent pas ou très peu la motivation des entreprises d’une part, ou leur pérennité. Ces résultats, encore préliminaires et bien qu’issus d’un territoire où le potentiel en synergies industrielles n’est pas particulièrement valorisé, suggèrent de repenser les politiques de planification, de promotion et de mise en œuvre de l’écologie industrielle en vue d’en faire véritablement une démarche au service de la durabilité des territoires (résilience économique, réduction des enjeux environnementaux, créations d’emplois, etc.