Editorial

International audienceLa responsabilité sociale et sociétale fait l’objet d’un intérêt grandissant, tant dans l’enseignement des écoles de management, privées ou consulaires, que dans celui des universités. Elle s’est longtemps caractérisée comme un ensemble de pratiques dans le domaine économique, social et environnemental, au service de la performance individuelle et collective des organisations. Elle s’est ensuite enrichie en qualité de discipline scientifique faisant l’objet d’enseignement et de recherche partout dans le monde. Les articles du dossier de ce numéro 21 de la revue Management et Sciences Sociales sont issus d’une sélection de contributions présentées au 13ème congrès de l’Association pour le développement de l’enseignement et de la recherche sur la responsabilité sociale (ADERSE) qui s’est déroulé à Lyon 3, Université Jean Moulin, les 13 et 14 juin 2016 pour traiter du thème « Responsabilité sociale des organisations et des établissements d’ enseignement supérieur ». Le dossier est introduit par un texte de Philippe Robert Demontrond et Amélie Bellion qui rappellent que notre époque est marquée par le développement de la juridicisation ou juridictionnalisation des activités sociales. S’appuyant sur les travaux de Merleau Ponty cette contribution leur permet de proposer une approche (différente) adaptée aux spécificités de la méthode ethnographique, incarnée, replaçant le corps et l’imprévu dans la conduite et l’évaluation éthique d’une recherche. Dans ce contexte d’enjeux éthiques et d’égalité des chances dans l’enseignement supérieur, Maria Giuseppina Bruna, Anne Françoise Bender et Zahir Yanat passent en revue plusieurs démarches d’ouverture sociale. Cet article traite plus particulièrement du dispositif de « cordées de la réussite » visant à libérer l’ambition d’étudiants à fort potentiel, issus de milieux défavorisés. Prenant appui sur l’expérience originale de l’école d’ingénieurs des mines d’Albi Carmaux, les auteurs plaident en faveur du développement de recherche action de type réflexif. Jean François Ory, Jean Luc Petitjean et Thierry Come présentent le cas de trois universités retenues en raison de leur engagement important dans des démarches de développement durable. Cette présentation permet aux auteurs de reconnaître au Plan Vert des Universités trois vertus : la communication comme enjeu de performance, un outil facilitateur du dialogue, un ersatz de plan stratégique. Pour Olivier Voyant, les universités sont frappées de déshumanisation et les enseignants chercheurs souvent accaparés par des taches administratives non valorisées ne retrouvent plus le coeur de leur métier. Pour cet auteur, seule la pédagogie interactive est de nature à mettre en œuvre des principes d’éthique et de responsabilité susceptibles de mettre de l’humain dans la matérialisation des comportements. L’article de Bernard Guillon participe d’un ensemble de travaux critiques importants de « cadrage bibliométrique de la recherche ». Selon lui les tentatives de mesure régulière de l’activité scientifique universitaire en France, et particulièrement en sciences de gestion, depuis dix ans, montrent l’importance du référencement « revue scientifique ». Il souligne comment cette référence constante aux revues pose des problèmes de responsabilisation et de stress avec, au final, des risques de démotivation.Les trois articles de la rubrique Varia complètent ce numéro : Michelle Duport met en relief l’impact de la révolution numérique sur le management à distance et souligne les difficultés rencontrées par les managers. Agnès Paradas et Marion Polge mettent l’accent sur les représentations pour observer la mixité homme-femme comme élément du processus d’engagement responsable des dirigeants de PME.Une approche culturelle est proposée à travers l’étude de deux cas d’application en France et au Maroc. L’article collectif de Guillaume Bigot, Frédéric Teulon, Bernard Terrany, Negar Youssefian et Charlotte Wang aborde la thématique des rémunérations de PDG en recentrant le débat sur des « bases moins idéologiques et plus objectives » et en concluant sur l’intérêt toujours actuel des enjeux managériaux et sociétaux.En clôture de ce numéro 21, la note de lecture de Luc Marco présente l’ouvrage de Bruno Prati intitulé La fonte ardennaise et ses marchés : histoire d’une PME familiale dans un secteur en déclin publié en 2016 aux Presses Universitaires de Franche Comté