Photographier « le travail de gentrification » L'esthétisation des quartiers populaires à Paris et à Londres

International audienceL’utilisation de la photographie dans les recherches de sociologie urbaine permet d’analyser les transformations de la ville, notamment des quartiers populaires en cours de gentrification. À partir de travaux réalisés et en cours sur plusieurs quartiers parisiens et londoniens, cet article expose les différents apports du recours à la photographie comme outil méthodologique et théorique pour saisir et étudier les dynamiques sociales, urbaines et économiques à travers lesquelles s’opère le « travail de gentrification ». Le recours à la photographie comme méthode de recherche permet, tout d’abord, de rendre compte de la transformation progressive de ces quartiers à différentes échelles de temporalité. Il offre, par ailleurs, l’opportunité de saisir la dimension esthétique de la gentrification. Ces quartiers attirent les « nouvelles classes moyennes » qui valorisent leur caractère cosmopolite, populaire et pittoresque. La symbolique populaire et/ou industrielle devenant le support d’une réappropriation par la réhabilitation du cadre bâti et du tissu commercial, la photographie représente le moyen le plus approprié pour révéler cette esthétisation des quartiers populaires et les empreintes laissées par les différents groupes sociaux et générations qui ont investis le quartier. Du reste, elle s’avère un excellent support à l’entretien pour capter les représentations sociales, en produisant du discours sur le quartier et sur ses transformations