Les foires coloniales de Bordeaux comme réponse à la guerre

National audienceLe 1 er mars 1916 se tient à Lyon, en plein conflit mondial, « une foire d'échantillons, la première du genre qu'on ait vue en France ». L'idée de faire renaitre en France les foires 1 du Moyen-Âge est lancée deux ans plus tôt par Georges Louis Arlaud (1869-1944), directeur d'une fabrique de céramique et photographe, dans Le Réveil national, organe de la Ligue nationale de défense des intérêts français. Avec le soutien de la municipalité, des commerçants et des industriels locaux, la manifestation lyonnaise est perçue par ses organisateurs comme « un geste d'indépendance », une véritable offensive économique pour battre en brèche le 2 monopole des foires de Leipzig qui, depuis le XVIIIe siècle, constituent une plateforme commerciale où s'échangent les marchandises issues de toute l'Europe. Mille trois cent quarante-deux exposants venus de toute la France participent à cette première foire contemporaine. 3 Le succès de la foire de Lyon donne une impulsion à la Ville de Bordeaux, qui projette un mois après sa fermeture de mettre en place, elle aussi, une foire commerciale internationale à la fin de l'année. Par cette initiative, Bordeaux espère non seulement faire face à la crise économique en maintenant ses activités commerciales, mais aussi affirmer et consolider, à travers le choix d'une foire spécialisée, son image de « capitale coloniale » de France. Cette perspective répond également à une tradition bordelaise, alors en sommeil, née dès la moitié du XIXe siècle, celle d'organiser par le biais de sa Société Philomathique de grandes expositions commerciales et coloniales sur la place des Quinconces