Développements extra causam et stratégie argumentative dans le De praetura Siciliensi (Cic., 2 Ver. 2)

International audienceThis article aims at explaining the use of extra causam arguments in Cicero's De praetura siciliensi from a rhetorical point of view. It first analyzes the rhetorical concept of causa and later identifies the various criteria that might be used to pinpoint extra causam passages in Cicero's discourse. Those passages show that, instead of being mistakes or defects, as the ancient theory of discourse would have us think, extra causam arguments are central to Cicero's rhetorical strategy. When built in order to go unnoticed, they provide a powerful tool for amplificatio; when marked out by the orator himself, they paradoxically legitimate the use of irrelevant or invalid proofs. In light of the ancient rhetorical theory, the Verrines clearly offer several deceptive treatments of the point for adjudication (iudicatio).Cet article cherche à expliquer, d’un point de vue rhétorique, le rôle des développements extra causam dans le De praetura Siciliensi de Cicéron. On analyse dans un premier temps la notion rhétorique de causa, afin de déterminer quels critères peuvent être utilisés pour identifier les passages extra causam du discours. Les différents développements éloignés de la cause en Verr. 2, 2 montrent que, loin de constituer des « erreurs » ou des « défauts » comme le voudrait la doctrine, les passages de ce type tiennent une place essentielle dans la stratégie cicéronienne. Dissimulés, les propos extra causam servent ainsi une stratégie d’amplificatio ; affichés et construits de manière adéquate, ils rendent acceptable l’utilisation d’éléments qui ne devraient pas apparaître dans le discours, tout en contrant paradoxalement la critique. De façon générale, la confrontation de la doctrine rhétorique et des Verrines permet de rendre sensible le travail de manipulation du point à juger (iudicatio) auquel se livre Cicéron