Sin and expiation in Sikh texts and contexts: from the Nānak Panth to the Khālsā

International audienceL’article traite de la question de l’évolution des conceptions du péché et du salut, en rapport avec le thème de la guerre sainte, et dégage des sources l’histoire d’une évolution. À l’époque des neuf premiers Gurū, quand le sikhisme était essentiellement une voie de salut, tous les péchés étaient considérés comme enracinés dans l’ego, ses impulsions mauvaises et ses désirs et ne pouvaient être expiés que par la méditation sur Dieu et la recherche de l’union avec lui. Certes, les sources ne disent rien d’autres formes d’expiation ou de châtiment auxquelles le pécheur, voire le délictueux ou le criminel, pouvait se trouver soumis dans sa société. Mais nous savons que les hindous qui rejoignaient le Nānak Panth – une secte parmi d’autres au sein de vaste nébuleuse théiste hindoue – restaient socialement membres de leur caste et de leur société, caractérisée par le système des castes. En conséquence, certaines de leurs fautes pouvaient être considérées comme des offenses contre le dharma de caste et étaient à ce titre susceptibles de punitions imposées par le conseil de caste ou pañcāyat, tandis que d’autres péchés pouvaient être tenus comme des délits ou des crimes relevant de la compétence du cadi, le juge musulman nommé par le souverain moghol ou en son nom. Au fil de leur confrontation croissante avec les Moghols et en conséquence de la création du Khālsā, d’importants changements furent introduits par le dixième Gurū, Gobind. D’une part, déserter le champ de bataille devint une offense majeure qui ne pouvait être expiée que par le volontariat pour le martyre au combat. D’autre part, le Gurū promulgua un code (rahit) de conduite pour les sikhs, qui fut ensuite retravaillé par diverses instances deux siècles et demi durant. Les versions du 18e siècle, souvent attribuées par leurs auteurs à Gobind, cherchent à présenter à chaque sikh une liste détaillée de ses devoirs en termes de vie religieuse, personnelle et sociale. Enfreindre le code était pécher, et chaque code contenait des peines graduées selon les offenses. Les pires des péchés pardonnables nécessitaient, après une amende, une ré-initiation dans le Khālsā, tandis que les crimes impardonnables condamnaient le pécheur à une maladie mortelle, à l’enfer, – ou à la peine de mort. Ceci indique que le Khālsā visait à se constituer comme un corps social séparé, une politie théocratique dans laquelle péché et crime ou délit ne faisaient qu’un et relevaient de la même juridiction interne à la société sikhe. Mais cette vision resta largement utopique, car lorsque Raṇjīt Siṅgh devient maharadjah du Panjab, il garda intact le système juridique moghol, nommant lui-même les juges des cours criminelles et préservant les cours des cadis, ainsi que les pañcāyat de caste pour ce qui relevait du droit personnel.La version du code sikh unifié finalement promulguée au milieu du 20e siècle par le Comité de gestion des temples sikhs (principale autorité religieuse reconnue par les sikhs) est marquée par les idéaux réformistes du Tat Khālsā. L’accent y est mis à nouveau sur l’individu et sur la manière dont il doit se comporter pour être personnellement bon et ne pas pécher. L’expiation n’y est traitée que très brièvement et prend généralement la forme d’un service (sevā) rendu à la communauté, sauf dans le cas de certaines fautes religieuses très graves qui nécessitent une ré-initiation. Dans ce cadre, des tensions existent pour les sikhs entre l’adhésion au code et la soumission au dharma de caste