Contact et pouvoir des langues : La situation linguistique du syriaque dans la sphère arabophone

International audiencePeu de personnes, y compris parmi les universitaires, savent que le syriaque (issu de l’araméen ancien) est encore en usage de nos jours dans une population importante vivant principalement en Mésopotamie. Dans le même temps l’intérêt que lui portent les instances scientifiques européennes et américaines se focalise d’une manière générale sur la langue écrite et les manuscrits médiévaux. On l’étudie comme s’il s’agissait d’une langue morte.La mutation ultra rapide des sociétés arabes à la lumière de ce qui est désormais connu sous le nom de « Printemps arabe », le syriaque se trouve en position de non-pouvoir. Quoique bien vivant, il est aujourd’hui menacé de disparaître. Consciente de ce danger, la communauté araméophone fait tout son possible pour sauvegarder sa langue, sa culture et son identité. Aussi méritants soient-ils, ces efforts sont loin d’être suffisants. Des mesures et des responsabilités à assumer au niveau du monde arabe seraient nécessaires à sa survie.Afin de montrer la situation de minoration dans laquelle le syriaque se trouve désormais et le danger auquel il s’expose, et de pouvoir esquisser des perspectives d’action à partir de la situation actuelle, il convient d’abord de décrire sommairement l’histoire complexe du syriaque, et de montrer à quel point elle est intimement liée aux premiers siècles du christianisme, puis, à partir du VIIème siècle et jusqu’à nos jours, à la langue et à la culture arabes