Imaginaires, représentations et réinterprétations de La Rue Cases-Nègres de Joseph Zobel dans la littérature caribéenne francophone

International audienceTraçant un arc entre phénoménologie de la mémoire et représentation du souvenir, le roman de Joseph Zobel motive l’esquisse d’une conquête du savoir, le passage de l’ignorance à l’érudition, la relation du sujet à la connaissance pour une génération caribéenne francophone qui choisit la maîtrise de la langue française afin de s’élever au-dessus de la misère. Si les devinettes et métaphores de Médouze segmentent l’ancrage identitaire, la génération de M’man Tine et de Fernand Césaire érige aux yeux de ses enfants, Aimé ou José, l’école comme lieu paradigmatique d’apprentissage et d’intériorisation des contenus disciplinaires et des codes de sociabilité structurant la figuration intellectuelle donc sociale. Inspiré par ce lieu consacré qui ouvre vers un ailleurs, Joseph Zobel établit à travers La rue Cases-Nègres une hétérotopie de l’école coloniale, espace réel dans lequel tous les emplacements liés à la formation et à une culture intensément miscible sont à la fois représentés, contestés et inversés ; et parce qu’on ne peut écrire sans transmettre, le legs ainsi que le processus de translation investissent les architectures du souvenir et de la mémoire d’une génération aspirant densément à rendre compte de son rapport problématique à une identité culturelle complexe diaprée d’intensité et de pluralité