Flux d'eau et de solutés dans un cambisol andique des colimaçons après un apport de lisier : expérimentation en colonnes de sol

Sur l'Île de la Réunion, les lisiers de porc, déchets riches en azote, sont utilisés comme fertilisants. Cependant, ils sont l'une des principales sources de pollution des eaux souterraines. En conditions tropicales, nos connaissances sur les transferts de solutés dans les sols aux propriétés andiques sont insuffisantes. Aussi, nous avons reconstitué trois grandes colonnes de ce sol au laboratoire pour suivre l'impact d'un apport de lisier. L'une des trois colonnes est utilisée comme témoin tandis que les deux autres ont reçu l'équivalent de 180 m3 ha-1 de lisier contenant 218 kg de N total ha-1. Pendant plusieurs mois, les trois colonnes ont reçu des apports d'eau simulant les conditions climatiques de l'île de la Réunion et en particulier des épisodes cycloniques. L'humidité du sol ainsi que la composition de la solution du sol sont suivi afin de déterminer les flux de solutés dans le sol aux profondeurs suivantes: 7,5; 15; 35 et 100 cm. Les résultats nous montrent que: (i) la nitrification rapide du lisier se produit en surface et n'est observable qu'à 7,5 cm de profondeur; elle s'accompagne d'une acidification de la solution du sol, (ii) aux différentes profondeurs ainsi qu'à l'exutoires des colonnes, les flux de nitrates sont très contrastés entre la colonne témoin et celles ayant reçues du lisier. Ces résultats montrent bien que les risques de pollution des nappes par lixiviation du nitrate sont élevés lors de l'application de lisier, notamment au cours des épisodes cycloniques. (Résumé d'auteur