Multifonctionnalité de l'agriculture périurbaine : 2ème partie

1- La Multifonctionnalité est une propriété de territoire en ce sens qu'elle exprime des représentations construites par un groupe social, en l'occurrence les élus et habitants citadins ou rurbains, sur un espace organisé par un autre groupe social, en l'occurrence les acteurs ruraux périurbains, entre autres les agriculteurs. Le pari de la multifonctionnalité est la coexistence gagnant/gagnant d'usages distincts; en terme socio-économique cela signifie que ces acteurs sont par essence des doubles producteurs: - de ce qui fonde leur propre activité (denrées agricoles pour les agriculteurs); - de qualités de territoires identifiées et appréciées par les citadins comme leur campagne et entre autres le paysage. Cela a pour conséquence que les acteurs ruraux peuvent y trouver une opportunité économique, et que la planification urbaine va être amenée à tenir compte de ces activités au nom des intérêts de la ville, que les espaces soient enclavés (et donc déjà reconnus dans leur valeur) ou en périphérie urbaine. 2- Les exploitations agricoles périurbaines sont particulièrement diverses parce qu'elles sont soumises à deux familles de forces d'évolution: celles du marché pour lequel elles se sont organisées, et celles de la ville, qui tend généralement à s'étendre et qui ne respecte les espaces ouverts que dans la mesure où apparaît leur utilité in situ. C'est ce qui justifie de distinguer la localisation spatiale: la production de territoire n'est pas en soi déplaçable, à la différence des activités de production. Une question essentielle de recherche action est d'identifier la nature des différences selon le degré de développement socio-économique: y a-t-il une même trajectoire sur laquelle les villes en seraient à des étapes différentes ou les trajectoires elles mêmes sont-elles distinctes. Les stratégies des agriculteurs diffèrent selon les objectifs qu'ils se donnent. On peut distinguer trois pôles typologiques: - Objectif d'implantation sur le marché local, pour des produits matériels ou immatériels; l'exploitation cherche alors à se maintenir dans le voisinage urbain. - Objectif de se maintenir sur une filière, même si elle change d'échelle spatiale en devenant supralocale. Dans ce cas c'est l'intérêt socio-économique de la production de territoire qui sous-tend la décision de se maintenir ou de se dé-localiser. - Dissolution progressive de la famille dans la société urbaine (citadinisation). Il n'est plus question pour les agriculteurs d'agriculture durable. Mais dans tous les cas la rente foncière, souvent régulée par les politiques publiques, joue un grand rôle; elle distingue notamment les propriétaires et les locataires les premiers étant généralement très dominants dans son partage. 3- Les politiques locales doivent s'adapter si leur objectif est de soutenir le maintien de l'agriculture en situation intra-urbaine ou péri-urbaine. Cela passe d'abord par la construction d'un projet partagé entre les acteurs de l'espace ouvert et le monde citadin (représenté par les élus). Une démarche de charte matérialise cette entente, et fournit le cadre structurel des documents et investissements d'aménagement ad hoc. Pour cela, des travaux de recherche sont nécessaires dans deux domaines: - Celui de la méthodologie de projet, cadre de la recherche action; elle s'appuie notamment sur des réseaux d'expériences. - Celui de la recherche disciplinaire à la fois en sciences techniques (processus d'adaptation des systèmes agricoles) et en sciences sociales (étude des représentations des différents groupes sociaux). (Résumé d'auteur