Détermination du régime alimentaire du cerf rusa en Nouvelle-Calédonie, utilisation de deux méthodes d'analyse des fèces

La flore de Nouvelle-Calédonie, originale et diversifiée, a évolué en l'absence de ruminants jusqu'à l'introduction de bétail domestique et de cerfs rusa au 19ème siècle. Parfaitement acclimatés, ces derniers ont proliféré sur l'ensemble de l'île. Afin de mieux comprendre les impacts du cerf rusa sur la flore, pour mieux les gérer, une étude a été conduite pour évaluer la faisabilité technique d'analyses du régime alimentaire à partir des fèces de cerfs (analyse microhistologique et spectrométrie dans le proche infrarouge). Une série d'expérimentation sur des animaux d'élevage nourris avec des rations contrôlées, ou pâturant dans des milieux contrôlés, ont permis de tester la fiabilité de ces méthodes, qui ont ensuite été appliquées sur des fèces provenant de cerfs sauvages vivant en milieu naturel (forêt sèche). Le travail présenté vise à mettre en relation les paramètres fécaux (azote et parois végétales) analysés par SPIR et les paramètres mesurés par microhistologie (proportion graminées / ligneux, identification des espèces végétales) avec la nature de la ration ingérée. Les analyses en ration contrôlée indiquent une bonne représentation de la microhistologie pour la détermination qualitative des rations ligneuses et graminées. Les résultats sont moins évidents lorsque l'on passe en milieu non contrôlé. Les prédictions microhistologiques des proportions en constituants dans les fèces semblent moins précises par rapport aux prédictions sur l'ingéré, mais de l'information a été trouvée; ces mesures ne sont donc pas négligeables et apportent des premiers résultats encourageants du point de vue de l'étude. Les corrélations entre les prédictions SPIR et les proportions graminées / ligneux sont biaisées par l'influence des rations pures de l'expérimentation en conditions contrôlées. Les relations établies entre ces paramètres permettent surtout de discriminer les groupes en fonction des différents régimes alimentaires. Malgré le faible nombre d'échantillons analysés, les relations mises en évidence entre les proportions des espèces végétales identifiées par microhistologie et prédites ont tendance à présenter une corrélation positive. La précision reste à améliorer pour renforcer le modèle de prédiction. Les régimes alimentaires des populations de cerfs sauvages des sites de forêt sèche ont pu être établis, ces cerfs consommeraient environ 35% de ligneux. Les régimes à base de ligneux sont plus riches en MAT et en lignine que les régimes à base de graminées. La prédiction de proportions de ligneux dans l'ingéré est probablement biaisée à la fois par "l'influence" des rations pures, mais également par la sélection alimentaire des animaux sur la plante. Toutefois, prédire la teneur en lignine semble plus facile et aussi précis que prédire la proportion de ligneux. La SPIR offre de nouvelles possibilités pour estimer la qualité du régime alimentaire des ruminants. Les prédictions constituent une bonne alternative aux analyses classiques de laboratoire et aux analyses microhistologiques. Mais la technique ne permet pas l'identification d'espèces végétales. La microhistologie peut donc servir pour l'identification des plantes qui ont été consommées. (Résumé d'auteur