Evolution des conditions paysannes de production du coton au sud du Tchad et ses conséquences sur les stratégies des paysans

La zone soudanienne du Tchad abrite près de la moitié de la population nationale. Le coton y est la principale source de revenu monétaire pour les paysans. Les reformes de la filière amorcées depuis la deuxième moitié des années 80, avec ses corollaires le déclassement des caisses de coton dans les usines et la persistance de la caution solidaire dans les villages, et les contraintes actuelles du site, se combinent pour rendre ardues les conditions de production des paysans. Cette étude a été menée sur 50 exploitations dans trois zones cotonnières : Bamdi, vieux bassin cotonnier, Tchanar en zone saturée, et Massa 2 en zone de front pionnier. L'objectif est de mieux comprendre la place du coton et son évolution dans les systèmes de production, et aussi d'étudier la perception des paysans de l'évolution de la filière cotonnière. La description et l'analyse des données des enquêtes révèlent deux situations contrastées: - d'une part, une grande majorité des producteurs adopte des stratégies d'ordre alimentaire résolument "défensives" tournées vers le maintien du cadre de vie; les superficies de coton sont limitées à cause des difficultés pour ces paysans d'accéder aux crédits intrants; les revenus du coton sont faibles et utilisés principalement pour assurer l'autosuffisance alimentaire; - d'autre part, un petit nombre des paysans opte pour des stratégies "offensives" d'accumulation tournées vers l'augmentation du revenu monétaire et l'amélioration effective du cadre de vie; le coton est cultivé pour l'importance du revenu monétaires qu'il procure en une seule fois, ce revenu est majoritairement destiné aux investissements agricoles et non agricoles. L'histoire des conditions contraignantes de culture du coton ci fortement marqué les esprits des paysans (méfiance, contrainte...), et des structures et organismes chargés de son développement. Les changements importants de l'organisation de la production avec le développement de l'organisation des producteurs, la mise en place des MAG, et de la caution solidaire sont marqués par des dysfonctionnements qui confortent les paysans dans leur méfiance de l'encadrement, mais aussi des responsables qui gèrent les organisations paysannes. Cette étude du PRASAC permet de mieux comprendre le rôle et la place du coton dans les stratégies des paysans et de faciliter les travaux de conseil et de vulgarisation. (Résumé d'auteur