L'agriculture mahoraise : une agriculture française à part

Mayotte constitue une zone très particulière de l'ensemble français. L'étude qu'on y a mené s'est réalisée sur deux communes (Kani Keli et Mtsangamoudji) se situant dans deux zones agro-écologiques différentes. Ce travail rentrait dans le cadre du «bilan-diagnostic» conduit par le Cirad-Mayotte. Il vise à appréhender les dynamiques agraires spécifiques à chaque zone et à comprendre comment l'agriculture s'insère dans les modes de vie des sociétés rurales. Cette étude a permis de mettre en évidence les différents rôles tenus par l'agriculture. L'autosubistance reste le principal objectif assigné aux activités agricoles et ce quel que soit les types d'agriculteurs rencontrés au cours de ce travail. Presque toutes les catégories sociales pratiquent l'agriculture. Une des spécificités mahoraise réside dans le fait que l'ensemble des acteurs ruraux dispose de revenus de différentes natures. Ils ne se réduisent donc pas aux seules activités agricoles. Lorsque les opportunités le permettent, Us mobilisent la force de travail familiale pour des activités salariales, du petit commerce, ou des «petits boulots» pour diversifier les activités et ainsi minimiser les risques de non revenu. De plus, dans l'évolution statutaire en cours de l'île, les transferts publics deviennent une source de revenu indispensable pour les familles, surtout pour les plus précaires d'entre elles. Ces familles peuvent ainsi compter sur les transferts familiaux provenant de membres de la famille salariés ou disposant d'un revenu régulier. L'agriculture sert donc de moyen pour renforcer ces réseaux de solidarité: «on donne des produits agricoles à celui qui fait bénéficier de son salaire». Ces éléments sont à prendre en compte pour toutes perspectives de «développement» de ces sociétés rurales. (Résumé d'auteur