Rôle des réseaux d'acteurs locaux dans la mutation des principales filières agroalimentaires en situation insulaire post réforme agraire à Sao Tomé et Principe

De 1999 à 2002, des études des principales filières (cacao, café, aliments de base, fruits) ont été mises en oeuvre à l'initiative du CIAT-STP; elles ont permis d'aboutir: - d'une part, à un projet expérimental de cacao biologique (2000-02: financement FIDA, acheteur KAOKA), dans un bassin de production limité, avec transformation communautaire (séchage solaire) et bénéficiant d'une prime de 40% sur le cours local, basée sur la qualité. - d'autre part, pour les aliments de base, à des études des bassins de production, du marché régional et de faisabilité globale, visant structurer les filières bananes -macabo, grâce à la transformation partielle en chips (unité industrielle de gestion collective), afin de garantir la qualité pour le marché régional (Gabon et Angola). Concernant le café et les fruits, le marché intérieur reste encore très déficitaire, avec des prix très rémunérateurs. Les réseaux des différents acteurs sont analysés pour ces deux filières prioritaires, qui correspondent à la principale production d'exportation (cacao) et aux aliments de base (banane à cuire et plantain, macabo et fruit à pain), produits à plus de 90% par la petite agriculture familiale. La mutation des structures productives et les financements des projets ont engendré la création : - d'un réseau d'associations communautaires (110), regroupées au sein d'une fédération (FENAPA) au rôle syndical et d'intermédiaire pour certains financements de subvention. - d'un réseau de moyennes entreprises agricoles cacaoyères (5), ayant eu le monopole de la transformation du cacao, avec une concentration de l'exportation: 80% par 1/3 exportateurs. - d'un réseau informel d'entités d'appui (5 ONG et le centre de recherche agronomique-CIAT) qui a eu le plus d'impact sur l'innovation agroalimentaire (organisationnelle et technique, notamment pour la transformation), - d'un réseau de partenaires acheteurs régionaux pour ces nouveaux produits de qualité Gabon (macabo) et Europe (transformateurs et chocolatiers français pour le cacao). Néanmoins le moteur du réseau est l'exportateur ou l'acheteur pour chacune de ces deux filières; ce qui s'explique par la faiblesse du réseau émergent des acteurs locaux, sans réelle structuration ni coordination. D'autre part, pour le cacao, il y a encore une réelle contradiction entre la stratégie du principal acheteur de cacao gomme / transformateur / exportateur local qui privilégie le beurre et non un cacao de qualité, du fait d'une stratégie d'import (ciment)-export (cacao) et d'une situation de quasi monopole. Néanmoins, la dynamique de qualité, impulsée récemment par les bailleurs et quelques entités d'appui, en partenariat avec quelques acheteurs de produits de niche, est la seule alternative viable, afin que la bonification bénéficie réellement aux petits agriculteurs familiaux en situation insulaire. Dans ce sens, les innovations agroalimentaires permettent de respecter le cahier des charges de la qualité des produits exportés, et avec en plus, le label d'origine géographique (Sao Tomé). (Résumé d'auteur