Cartographie des mobilités vers un front pionnier caféier au Vietnam

Le Viêt Nam s'impose aujourd'hui comme un des producteurs mondiaux de café. Cette conquête, issue des réformes engagées sur les plans économiques et sociaux du milieu des années 1980, n'aurait jamais pu voir le jour sans l'arrivée massive de migrants dans les espaces de production principaux du pays: les plateaux de l'Ouest avec en son centre la province de Dak Lak. Cet article s'attache à dresser une cartographie du phénomène migratoire lié à la caféiculture. Dans la première partie est présenté le contexte général des flux et la répartition géographique des migrations organisées et spontanées. Venus des plaines, attirés par la fortune des autres caféiculteurs ou chassés par des rizières deltaïques trop exiguës, les migrants vont s'installer pour une grande partie d'entre eux dans la province du Dak Lak. Cette dernière est d'ailleurs l'objet de la seconde partie. En suivant le périple de ces populations, on constate alors une concordance dans le temps entre l'extension du bassin caféier et l'installation des migrants tout en faisant remarquer -fait relativement nouveau- leur diversité ethnique. Autrefois peuplées d'autochtones majoritaires, les plateaux du Centre Viêt Nam sont devenus une mosaïque ethnique où s'exprime au grand jour l'épineuse question de la légitimité territoriale. (Résumé d'auteur